jeudi 17 mai 2012

Si la fin du monde existe, je crois que c’est ce que je vois en ce moment. - Écriture personnelle.

Alors voilà ma première écriture sur ce blog :D
J'ai écris cette nouvelle dans le cadre d'un concours. Le thème était : la fin du monde en 2012.

Dites moi vos impressions en commentaires :) [La mise en page n'est pas terrible...]


 J’ai vécu dix-sept belles années, mes parents m’offrent ce que je veux, j’ai visité toutes les capitales européennes, je vais passer mon prochain Noël à Sydney, je vais bientôt avoir ma propre voiture. Alors je me demande, pourquoi je ne suis toujours pas heureux ?
Je finis mes bagages avant de partir. Je rajoute un dernier short, mes Ray-Ban préférées et un chapeau. Ma mère tambourine à la porte pour me dire de me dépêcher. Je ferme difficilement ma valise, et je la descends dans le garage. Je charge la voiture, dis au revoir à ma mère qui lâche une larme. Je lui lance un « tellement pathétique » et je monte en voiture. Le trajet me semble relativement court. En même temps, il n’y a pas grand monde à quatre heures du matin dans Paris. Je ne suis pas le dernier à arriver. Heureusement… Mon père me demande s’il doit rester jusqu’à l’embarquement ou pas. Je lui dis que ce n’est pas nécessaire. Il me dit au revoir et il disparaît dans sa voiture. Je me retrouve seul avec ma grosse valise.
Ça fait deux ou trois heures que j’attends, musique dans les oreilles, à observer ces chimpanzés qui me servent de « camarades » de classe. Non, en effet, je ne les aime pas. Et c’est réciproque. Et non, je n’ai absolument aucune attirance pour aucune fille de cette classe. Ni pour aucune fille d’ailleurs. Je vais donc passer un Noël seul, à l’autre bout du monde. Et ça me va très bien. Pas de repas de famille interminables, pas de sourires hypocrites, pas de « Joyeux Noël » à envoyer à tout le monde. Bref, un Noël parfait.
On embarque enfin. Vol 392 à destination de Sydney. Départ le 21 décembre 2012, 7h30. Retour le 27 décembre 2012, 18h30. Je me dépêche de rentrer et m’installe à côté du hublot. Autant n’avoir qu’un seul voisin à supporter. Dix-sept heures de vol, c’est long… Je m’installe, porte mes écouteurs à mes oreilles et regarde le magnifique paysage que m’offre l’aéroport sombre. L’avion s’ébranle enfin et commence à prendre la direction de la piste. Il prend de la vitesse et quitte doucement le sol. Parmi les cris de joie que certains poussent, je perçois un cri d’effroi. Je me tourne vers le hublot et ce que je vois me coupe le souffle. Une faille s’ouvre sur la piste, faisant disparaître avion et bâtiments dans le feu et la poussière.
J’essaye de reprendre mon souffle en me détournant du hublot. Je ne sais pas si tout le monde a vu ce que j’ai vu, mais les cris de joie ont cessé. Les gens se ruent littéralement sur les hublots. Je me fais écraser par mes voisins qui ont l’air d’avoir réellement envie de voir cette vision de l’apocalypse. Si, moi, j’avais pu ne rien voir, je ne me serais pas plaint. J’entends des gémissements, des exclamations de stupeur. Tout se bouscule dans ma tête. Un tas de questions se posent. Qu’est-ce qui s’est passé ? Où va-t-on atterrir ? Comment va-t-on revenir ? Va-t-on revenir ?
Il se passe un laps de temps où je ne bouge plus. Je suis probablement en état de choc. Je me rends compte, petit à petit, que je vais devoir passer dix-sept heures de vol dans l’incertitude, l’angoisse et le danger. Parce que, je ne pense pas que les autres y pensent pour l’instant, mais il peut arriver n’importe quoi. Vu ce que je viens de voir, je m’attends à tout…
Le commandant de bord se manifeste enfin. Il nous annonce que l’aéroport Charles-de-Gaulle a eu quelques complications. Sans blagues… Il nous dit aussi qu’ils vont faire leur possible pour nous tenir au courant de la situation tout au long du vol.
Les passagers recommencent à s’agiter dès la fin de ses paroles. Après quelques minutes de stress, je tombe malgré moi dans un sommeil profond.
Je me réveille d’un sommeil sans rêves. J’ignore combien de temps j’ai dormi. J’ignore combien de temps de vol il reste. Je regarde ma montre. Il nous reste dix heures. J’ai réussi à dormir environ six heures.
« Ici votre commandant de bord. Je vous annonce que nous allons traverser une zone de fortes perturbations. Merci de bien vouloir attacher votre ceinture »
J’obéis et attache ma ceinture. Quelques instants plus tard, l’avion commence à s’ébranler. Un enfant se met à pleurer. Les secousses s’accentuent jusqu’à atteindre une violence telle que les coffres s’ouvrent, faisant pleuvoir des sacs, des mallettes et même une guitare, qui se brise en tombant au sol. Les masques à oxygène tombent et pendouillent dans le vide. Puis, d’un seul coup, tout s’arrête. Les secousses stoppent aussi brutalement qu’elles sont arrivées. Le symbole lumineux du port de ceinture s’éteint. Je choisis, cependant, de la garder, par sécurité. Le ciel, dehors, est clair et sans nuages.
Les trois heures qui suivent sont calmes. Les gens sont encore légèrement agités, mais ils se calment petit à petit.
Une pensée me traverse l’esprit comme un flash. Mes parents ! On habite à quelques kilomètres seulement de l’aéroport. Sont-ils morts ? J’espère que non mais je ne me fais pas trop d’illusions… Une larme glisse sur ma joue. Je dois avoir un cœur finalement. J’essaye de ne pas repenser à tous les moments avec eux, pour ne pas craquer. Le dernier mot que j’ai dit à ma mère est « pathétique ». Je me trouve justement pathétique à cet instant. De n’avoir eu aucune attention affective envers ma pauvre mère, probablement ensevelie à ce moment précis. Mon père, par contre, a peut-être mérité cette mort atroce. Il n’aurait pas mérité une mort noble avec un joli enterrement. Et non, je ne dis pas ça parce que je suis un adolescent en guerre contre ses ainés. Mais parce qu’il a commis des actes effroyables envers d’autres humains. Il a jeté des gens à la rue, détruits des immeubles entiers sans reloger la population, renvoyé des gens dans un pays qui n’était pas le leur… Donc non, il ne méritait vraiment pas une belle mort.
Ma nervosité me plonge une fois de plus dans le sommeil.
Quelques heures plus tard, deux je pense, on nous annonce quelque chose : « Désolé de vous déranger, c’est votre commandant de bord qui vous parle. Dans quelques heures, nous arriverons à destination. Nous n’avons reçu aucune mauvaise nouvelle de Sydney, nous ne savons rien de la situation actuelle. Nous avons cependant eu des nouvelles de Paris. L’aéroport Charles-de-Gaulle que nous avons quitté il y a maintenant douze heures a été intégralement détruit. Nous ne savons pas s’il y a des survivants. »
Les passagers poussent des cris, certains fondent en larmes, d’autres tremblent. Je vois même une femme s’évanouir. Personnellement, cette nouvelle me laisse de marbre. Après tout, je ne connaissais personne dans cet aéroport.
Puis, je me demande d’où peut venir ce chaos. Bon d’accord, on est en 2012… Mais de là à parler de la fin du monde… C’est un peu exagéré. Quoique, c’est vrai qu’il y a eu un accroissement du nombre de catastrophes naturelles ces derniers mois : trois séismes à fortes magnitudes au Japon, la faille de San Andreas s’est ouverte un peu plus, un raz-de-marée en Afrique du Sud ou encore une tornade hebdomadaire aux États-Unis. Une coïncidence ? Je ne préfère pas m’avancer sur ce sujet.
Le symbole lumineux de la ceinture s’allume à nouveau. Ça tombe bien, je ne l’avais pas enlevé. À peine quelques secondes après que le symbole se soit allumé, des secousses commencent à se faire sentir. Les lumières s’éteignent, se rallument, puis s’éteignent à nouveau, nous plongeant dans une pénombre pas très agréable. Un bébé se met à pleurer. La panique monte petit à petit. Les tremblements s’intensifient et se rapprochent. Un ordinateur tombe d’un coffre et se brise dans un bruit assez terrifiant. Je regarde par le hublot. Je n’y vois qu’une masse sombre éclairée par la foudre dans la nuit. L’avion se fait bousculer par des rafales de vent, virant à gauche, puis à droit. J’ai même l’impression qu’il fait une vrille à un moment. Les gens crient, vomissent… C’est la panique générale dans l’avion. Une inquiétude me vient : le vol 392 arrivera-t-il à destination ? Rien n’est moins sûr à cet instant.
Puis, j’ai l’impression d’être mort. Les secousses ont cessé, les lumières sont revenues, les éclairs ont disparus. L’avion redevient calme. J’ai vécu deux fois la même scène en l’espace de quelques heures de vol. Le commandant de bord nous fait une annonce. Il nous dit que « nous venons de traverser une zone de turbulences. » Sans rire… Heureusement qu’il nous le dit. On pourrait presque avoir peur sinon. J’appréhende de plus en plus notre atterrissage...
« Nous allons amorcer notre descente vers Sydney. Merci de bien vouloir attacher votre ceinture, relever votre tablette et votre siège. »
Voici le moment que je redoute depuis l’instant où nous avons quitté le sol.
« N’ayant pas réussi à joindre l’aéroport de Sydney, nous allons tenter un amerrissage pour éviter tout danger. Nous vous prions d’accepter de mettre le gilet de sauvetage qui se trouve sous votre siège. »
Je veux bien me qualifier d’adolescent rebelle, mais là, je préfère faire mon mouton et avoir la vie sauve. Je mets donc mon gilet.
La descente commence et je vois, à travers le hublot, la mer sombre et lugubre se rapprocher. Je ne m’inquiète pas sur ce fait : l’avion est étanche, je sais nager, j’ai un gilet de sauvetage. Et même si elle est froide, je ne pense pas en mourir. L’eau se rapproche de plus en plus, et je distingue des reflets lumineux dans l’eau. Bon signe : Sydney est encore debout. Le contact avec l’eau se fait sentir. Une brusque secousse suivie d’une impression de flottaison. Certains applaudissent.
Les hôtesses nous informent que les toboggans vont être dépliés et que nous serons transportés à terre par barque. Je ressens un certain soulagement. Nous sommes saufs, nous allons rejoindre Sydney et nous allons passer un « Joyeux » Noël. En plus, je vais enfin utiliser le toboggan des avions dont on nous parle si souvent. Je me lève, prend mon sac et me dirige vers la sortie. Doucement, j’arrive à une porte, je glisse jusqu’à une barque. Après quelques minutes de navigation, on aperçoit un halo de lumière accueillant au-dessus de Sydney.
Ces reflets dans l’eau. Ce halo de lumière accueillant. Ce ne sont que des flammes ardentes qui dévorent Sydney. Ce n’est qu’un feu destructeur qui recouvre cette ville d’un manteau de cendres. Je vois l’opéra de Sydney plonger dans les obscures profondeurs de l’océan.
Si la fin du monde existe, je crois que c’est ce que je vois en ce moment.

1 commentaire:

  1. Mon avis est que c'est franchement pas mal !
    C'est bien écrit !
    Seulement un passage m'a gêné et ralenti ton histoire c'est la première fois ou le personnage s'endort.
    Sinon j'attends la suite :)

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