J'ai écris cette nouvelle dans le cadre d'un concours. Le thème était : la fin du monde en 2012.
Dites moi vos impressions en commentaires :) [La mise en page n'est pas terrible...]
J’ai vécu
dix-sept belles années, mes parents m’offrent ce que je veux, j’ai
visité toutes les capitales européennes, je vais passer mon
prochain Noël à Sydney, je vais bientôt avoir ma propre voiture.
Alors je me demande, pourquoi je ne suis toujours pas heureux ?
Je
finis mes bagages avant de partir. Je rajoute un dernier short, mes
Ray-Ban préférées et un chapeau. Ma mère tambourine à la porte
pour me dire de me dépêcher. Je ferme difficilement ma valise, et
je la descends dans le garage. Je charge la voiture, dis au revoir à
ma mère qui lâche une larme. Je lui lance un « tellement
pathétique » et je monte en voiture. Le trajet me semble
relativement court. En même temps, il n’y a pas grand monde à
quatre heures du matin dans Paris. Je ne suis pas le dernier à
arriver. Heureusement… Mon père me demande s’il doit rester
jusqu’à l’embarquement ou pas. Je lui dis que ce n’est pas
nécessaire. Il me dit au revoir et il disparaît dans sa voiture. Je
me retrouve seul avec ma grosse valise.
Ça
fait deux ou trois heures que j’attends, musique dans les oreilles,
à observer ces chimpanzés qui me servent de « camarades »
de classe. Non, en effet, je ne les aime pas. Et c’est réciproque.
Et non, je n’ai absolument aucune attirance pour aucune fille de
cette classe. Ni pour aucune fille d’ailleurs. Je vais donc passer
un Noël seul, à l’autre bout du monde. Et ça me va très bien.
Pas de repas de famille interminables, pas de sourires hypocrites,
pas de « Joyeux Noël » à envoyer à tout le monde.
Bref, un Noël parfait.
On
embarque enfin. Vol 392 à destination de Sydney. Départ le 21
décembre 2012, 7h30. Retour le 27 décembre 2012, 18h30. Je me
dépêche de rentrer et m’installe à côté du hublot. Autant
n’avoir qu’un seul voisin à supporter. Dix-sept heures de vol,
c’est long… Je m’installe, porte mes écouteurs à mes oreilles
et regarde le magnifique paysage que m’offre l’aéroport sombre.
L’avion s’ébranle enfin et commence à prendre la direction de
la piste. Il prend de la vitesse et quitte doucement le sol. Parmi
les cris de joie que certains poussent, je perçois un cri d’effroi.
Je me tourne vers le hublot et ce que je vois me coupe le souffle.
Une faille s’ouvre sur la piste, faisant disparaître avion et
bâtiments dans le feu et la poussière.
J’essaye
de reprendre mon souffle en me détournant du hublot. Je ne sais pas
si tout le monde a vu ce que j’ai vu, mais les cris de joie ont
cessé. Les gens se ruent littéralement sur les hublots. Je me fais
écraser par mes voisins qui ont l’air d’avoir réellement envie
de voir cette vision de l’apocalypse. Si, moi, j’avais pu ne rien
voir, je ne me serais pas plaint. J’entends des gémissements, des
exclamations de stupeur. Tout se bouscule dans ma tête. Un tas de
questions se posent. Qu’est-ce qui s’est passé ? Où
va-t-on atterrir ? Comment va-t-on revenir ? Va-t-on
revenir ?
Il
se passe un laps de temps où je ne bouge plus. Je suis probablement
en état de choc. Je me rends compte, petit à petit, que je vais
devoir passer dix-sept heures de vol dans l’incertitude, l’angoisse
et le danger. Parce que, je ne pense pas que les autres y pensent
pour l’instant, mais il peut arriver n’importe quoi. Vu ce que je
viens de voir, je m’attends à tout…
Le
commandant de bord se manifeste enfin. Il nous annonce que l’aéroport
Charles-de-Gaulle a eu quelques complications. Sans blagues… Il
nous dit aussi qu’ils vont faire leur possible pour nous tenir au
courant de la situation tout au long du vol.
Les
passagers recommencent à s’agiter dès la fin de ses paroles.
Après quelques minutes de stress, je tombe malgré moi dans un
sommeil profond.
Je
me réveille d’un sommeil sans rêves. J’ignore combien de temps
j’ai dormi. J’ignore combien de temps de vol il reste. Je regarde
ma montre. Il nous reste dix heures. J’ai réussi à dormir environ
six heures.
« Ici
votre commandant de bord. Je vous annonce que nous allons traverser
une zone de fortes perturbations. Merci de bien vouloir attacher
votre ceinture »
J’obéis
et attache ma ceinture. Quelques instants plus tard, l’avion
commence à s’ébranler. Un enfant se met à pleurer. Les secousses
s’accentuent jusqu’à atteindre une violence telle que les
coffres s’ouvrent, faisant pleuvoir des sacs, des mallettes et même
une guitare, qui se brise en tombant au sol. Les masques à oxygène
tombent et pendouillent dans le vide. Puis, d’un seul coup, tout
s’arrête. Les secousses stoppent aussi brutalement qu’elles sont
arrivées. Le symbole lumineux du port de ceinture s’éteint. Je
choisis, cependant, de la garder, par sécurité. Le ciel, dehors,
est clair et sans nuages.
Les
trois heures qui suivent sont calmes. Les gens sont encore légèrement
agités, mais ils se calment petit à petit.
Une
pensée me traverse l’esprit comme un flash. Mes parents ! On
habite à quelques kilomètres seulement de l’aéroport. Sont-ils
morts ? J’espère que non mais je ne me fais pas trop
d’illusions… Une larme glisse sur ma joue. Je dois avoir un cœur
finalement. J’essaye de ne pas repenser à tous les moments avec
eux, pour ne pas craquer. Le dernier mot que j’ai dit à ma mère
est « pathétique ». Je me trouve justement pathétique à
cet instant. De n’avoir eu aucune attention affective envers ma
pauvre mère, probablement ensevelie à ce moment précis. Mon père,
par contre, a peut-être mérité cette mort atroce. Il n’aurait
pas mérité une mort noble avec un joli enterrement. Et non, je ne
dis pas ça parce que je suis un adolescent en guerre contre ses
ainés. Mais parce qu’il a commis des actes effroyables envers
d’autres humains. Il a jeté des gens à la rue, détruits des
immeubles entiers sans reloger la population, renvoyé des gens dans
un pays qui n’était pas le leur… Donc non, il ne méritait
vraiment pas une belle mort.
Ma
nervosité me plonge une fois de plus dans le sommeil.
Quelques
heures plus tard, deux je pense, on nous annonce quelque chose :
« Désolé de vous déranger, c’est votre commandant de bord
qui vous parle. Dans quelques heures, nous arriverons à destination.
Nous n’avons reçu aucune mauvaise nouvelle de Sydney, nous ne
savons rien de la situation actuelle. Nous avons cependant eu des
nouvelles de Paris. L’aéroport Charles-de-Gaulle que nous avons
quitté il y a maintenant douze heures a été intégralement
détruit. Nous ne savons pas s’il y a des survivants. »
Les
passagers poussent des cris, certains fondent en larmes, d’autres
tremblent. Je vois même une femme s’évanouir. Personnellement,
cette nouvelle me laisse de marbre. Après tout, je ne connaissais
personne dans cet aéroport.
Puis,
je me demande d’où peut venir ce chaos. Bon d’accord, on est en
2012… Mais de là à parler de la fin du monde… C’est un peu
exagéré. Quoique, c’est vrai qu’il y a eu un accroissement du
nombre de catastrophes naturelles ces derniers mois : trois
séismes à fortes magnitudes au Japon, la faille de San Andreas
s’est ouverte un peu plus, un raz-de-marée en Afrique du Sud ou
encore une tornade hebdomadaire aux États-Unis. Une coïncidence ?
Je ne préfère pas m’avancer sur ce sujet.
Le
symbole lumineux de la ceinture s’allume à nouveau. Ça tombe
bien, je ne l’avais pas enlevé. À peine quelques secondes après
que le symbole se soit allumé, des secousses commencent à se faire
sentir. Les lumières s’éteignent, se rallument, puis s’éteignent
à nouveau, nous plongeant dans une pénombre pas très agréable. Un
bébé se met à pleurer. La panique monte petit à petit. Les
tremblements s’intensifient et se rapprochent. Un ordinateur tombe
d’un coffre et se brise dans un bruit assez terrifiant. Je regarde
par le hublot. Je n’y vois qu’une masse sombre éclairée par la
foudre dans la nuit. L’avion se fait bousculer par des rafales de
vent, virant à gauche, puis à droit. J’ai même l’impression
qu’il fait une vrille à un moment. Les gens crient, vomissent…
C’est la panique générale dans l’avion. Une inquiétude me
vient : le vol 392 arrivera-t-il à destination ? Rien
n’est moins sûr à cet instant.
Puis,
j’ai l’impression d’être mort. Les secousses ont cessé, les
lumières sont revenues, les éclairs ont disparus. L’avion
redevient calme. J’ai vécu deux fois la même scène en l’espace
de quelques heures de vol. Le commandant de bord nous fait une
annonce. Il nous dit que « nous venons de traverser une zone de
turbulences. » Sans rire… Heureusement qu’il nous le dit.
On pourrait presque avoir peur sinon. J’appréhende de plus en plus
notre atterrissage...
« Nous
allons amorcer notre descente vers Sydney. Merci de bien vouloir
attacher votre ceinture, relever votre tablette et votre siège. »
Voici le moment que
je redoute depuis l’instant où nous avons quitté le sol.
« N’ayant
pas réussi à joindre l’aéroport de Sydney, nous allons tenter un
amerrissage pour éviter tout danger. Nous vous prions d’accepter
de mettre le gilet de sauvetage qui se trouve sous votre siège. »
Je
veux bien me qualifier d’adolescent rebelle, mais là, je préfère
faire mon mouton et avoir la vie sauve. Je mets donc mon gilet.
La
descente commence et je vois, à travers le hublot, la mer sombre et
lugubre se rapprocher. Je ne m’inquiète pas sur ce fait :
l’avion est étanche, je sais nager, j’ai un gilet de sauvetage.
Et même si elle est froide, je ne pense pas en mourir. L’eau se
rapproche de plus en plus, et je distingue des reflets lumineux dans
l’eau. Bon signe : Sydney est encore debout. Le contact avec
l’eau se fait sentir. Une brusque secousse suivie d’une
impression de flottaison. Certains applaudissent.
Les
hôtesses nous informent que les toboggans vont être dépliés et
que nous serons transportés à terre par barque. Je ressens un
certain soulagement. Nous sommes saufs, nous allons rejoindre Sydney
et nous allons passer un « Joyeux » Noël. En plus, je
vais enfin utiliser le toboggan des avions dont on nous parle si
souvent. Je me lève, prend mon sac et me dirige vers la sortie.
Doucement, j’arrive à une porte, je glisse jusqu’à une barque.
Après quelques minutes de navigation, on aperçoit un halo de
lumière accueillant au-dessus de Sydney.
Ces
reflets dans l’eau. Ce halo de lumière accueillant. Ce ne sont que
des flammes ardentes qui dévorent Sydney. Ce n’est qu’un feu
destructeur qui recouvre cette ville d’un manteau de cendres. Je
vois l’opéra de Sydney plonger dans les obscures profondeurs de
l’océan.
Si
la fin du monde existe, je crois que c’est ce que je vois en ce
moment.
Mon avis est que c'est franchement pas mal !
RépondreSupprimerC'est bien écrit !
Seulement un passage m'a gêné et ralenti ton histoire c'est la première fois ou le personnage s'endort.
Sinon j'attends la suite :)